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Amour.
Comment et pourquoi le cosmos a-t-il pu engendrer l’amour ?

Guy Levrier

2 mai 2006

Ce qui frappe, de prime abord, c'est la beauté de notre cosmos, une gigantesque beauté qui nous inciterait à nous poser la question de l'intention qui a présidé à sa naissance : " pourquoi existe-t-il quelque chose plutôt que rien ? " Pour l'homme religieux, la cause des causes c'est Dieu, et Dieu est amour, donc la réponse est immédiate : l'amour est immanent à la création. Pour le physicien, la cause des causes est inconnue et il la cherche. Dans sa conférence d'ouverture de notre atelier de l'Académie Européenne des Sciences, des Arts et des Lettres, qui s'est tenue à Bruxelles en 2000, pour répondre à l'éternelle question de savoir ce qui avait pu provoquer le big bang, Ilya Prigogine déclara qu'il était possible que ce fût une fluctuation quantique. Reste à savoir ce qu'est une fluctuation quantique en l'absence de matière et de temps. Mystère. Einstein estimait précisément que " l'expérience la plus belle que l'homme puisse vivre est celle du mystère. C'est , disait-il, l'émotion fondamentale qui est à l'origine d'un art véritable et d'une science véritable. … c'est cette émotion qui constitue la vraie religiosité ; dans ce sens, et dans ce sens seulement, je suis un homme profondément religieux ".

Donc, Einstein reconnaît ainsi qu'il constitue en sa personne une passerelle entre religion et science. Le big bang, en plus d'être une singularité physique, est également une ambiguïté philosophique dans la mesure où il est le point de convergence des religions et des sciences, de la physique quantique et de la relativité générale. Ambiguïté, en particulier, lorsqu'il est convenu que science et religion sont méthodologiquement incompatibles, tandis qu'Einstein condamne la physique quantique à sa naissance en déclarant que " Dieu ne joue pas aux dés ", et que Hawking prévoit que, si nous réussissons un jour à élaborer une théorie du Tout, " nous connaîtrons le plan de Dieu ".

En 1935, afin de démontrer à Bohr que son analyse de la physique quantique aboutissait à des conclusions fausses, Einstein et deux autres physiciens, Boris Podolsky et Rosen, organisèrent aux Etats-Unis une expérience imaginaire afin de mesurer la position et le moment d'une paire de systèmes de protons. En ayant recours à la mécanique quantique, ils obtinrent des résultats extrêmement surprenants, qui les amenèrent à conclure que cette théorie ne donnait pas une description complète de la réalité physique. Ces résultats, véritablement paradoxaux, sont basés sur un raisonnement impeccable, mais leur conclusion selon laquelle la théorie est incomplète n'en est pas pour autant justifiée. La différence fondamentale entre les deux théories est qu'en physique classique, le système étudié est censé comporter d'avance la valeur objet de la mesure, ce qui n'est pas le cas en physique quantique, selon laquelle la mesure perturbe le système.

La nature se comporte-t-elle conformément aux prédictions de la mécanique quantique ? L'interprétation des résultats se base sur un théorème important élaboré par le physicien Britannique John Stewart Bell. Des expériences ont été effectuées dans plusieurs laboratoires avec des photons au lieu de protons, l'analyse étant identique, et les résultats indiquent de manière probante la validité du théorème de Bell. C'est-à-dire que les résultats observés confirment ceux de la mécanique quantique, et ne peuvent être expliqués par une théorie déterministe, à variables cachées, basée sur le concept de localité. On est ainsi amené à conclure que les deux protons sont en corrélation entre eux et qu'une mesure effectuée sur l'un affecte l'autre, quelle que soit la distance qui les sépare: c'est le théorème de Bell, toute réalité ne peut être que non-locale. Alain Aspect et ses collaborateurs, à Paris, ont démontré expérimentalement la pertinence de cette conclusion en 1982, et que les systèmes quantiques comportent entre eux des relations qui ne peuvent s'expliquer par la physique classique. Par conséquent, l'expérience imaginaire EPR a démontré de façon approfondie que Bohr a eu raison contre Einstein : la théorie de la physique quantique est valide, elle implique " un tout indivisible, au sein duquel l'instrument d'observation est inséparable de ce qui est observé ".

Le Tout quantique de Bohr et l'idée de non-localité que l'on peut déduire du théorème de Bell sont de nouvelles manières de considérer l'univers. En effet, la nature a été généralement perçue ainsi unifiée jusqu'à ce qu'une science plus mécaniste apparaisse, au cours du dix-septième siècle. Mais le grand public a toujours eu intuitivement le sens de son interconnexion avec la nature. Des sentiments du même ordre sont ressentis par les artistes et les mystiques de toutes cultures. En fait, il semble plus naturel de percevoir l'univers comme interconnecté et immanent, que comme mécanique et dissocié. Le philosophe Edmond Husserl soutient que la crise à laquelle l'homme et la femme modernes sont confrontés est due à l'insignifiance du monde qui les entoure. Il en trouve l'origine dans le désir Cartésien-Newtonien d'objectiver la nature : lorsque la nature devient objet, les valeurs et les relations humaines sont sacrifiées. Le résultat est un univers vide, dénué de sens.

Pour nous, artistes, cette interconnexion avec la nature nous parvient sous la forme de signes, pour nous indiquer le chemin, si nous acceptons de nous sensibiliser à leurs messages, et si nous avons le sens d'un but dans la vie ...

Pour le grand public et les scientifiques, ces signes n'étaient jusqu'à récemment rien de plus que de simples coïncidences. Carl Jung, psychanalyste mondialement connu, après avoir hésité pendant des années, fut l'un des tout premiers à faire une recherche en profondeur sur ce phénomène, qu'il a appelé la synchronicité . Il écrit :

Si j'ai désormais dominé mon hésitation et pris à bras-le-corps ce sujet, c'est essentiellement parce que mes expériences comportant des phénomènes de synchronicité se sont multipliées au cours des décennies. Et il définit la synchronicité comme la coïncidence dans le temps d'au minimum deux événements, sans relation de causalité entre eux, et ayant la même signification. Sur ce sujet, certains scientifiques semblent avoir totalement reconsidéré leur position, dont, en particulier John Wheeler, qui écrit : aujourd'hui nous apprenons, dans le monde quantique, que, même pour observer un objet aussi minuscule qu'un électron, nous devons parvenir jusqu'à lui ... ainsi le terme ancien d'observateur doit être rayé de notre vocabulaire et nous devons le remplacer par celui de participant. C'est de cette manière que nous avons abouti à l'idée que l'univers était participatif.

En tant qu'artistes, nous devons donc avoir tant la volonté que les moyens d'interpréter les signes, et de les appliquer à la cause au profit de laquelle ils obtiendront les meilleurs résultats. En matière de volonté, c'est à nous qu'il appartient d'en faire l'effort - un véritable effort. Quant aux moyens, c'est par la reconnaissance des caractéristiques essentielles, fréquemment très fugaces, des événements de synchronicité, que nous les obtiendrons. Dans ce domaine, Carl Jung donne en exemple le cas d'une de ses patientes, une jeune femme qui s'était révélée psychologiquement inaccessible, du fait de son rationalisme Cartésien le plus extrême, selon lequel elle s'estimait savoir tout mieux que personne. Jung écrit :

" Après plusieurs tentatives infructueuses de tempérer son rationalisme par une compréhension plus humaine, je n'ai plus eu d'autre ressource qu'à espérer, en désespoir de cause, que quelque chose d'inattendu et d'irrationnel se produirait, quelque événement qui ferait éclater le sarcophage intellectuel dans lequel elle s'était hermétiquement enfermée ... Elle avait fait un rêve impressionnant la nuit précédente, dans lequel quelqu'un lui avait offert un scarabée d'or - un bijou de prix. Tandis qu'elle me conte son rêve, j'entends derrière moi quelques coups légers frappés à la fenêtre. Je me retourne et vois un assez gros insecte se heurtant à la vitre de l'extérieur, et s'efforçant manifestement de pénétrer dans la pièce assombrie. Ceci me parut très étrange. J'ouvre immédiatement la fenêtre et attrape l'insecte en plein vol. C'était un scarabée commun " Cetonia aurata ", dont la couleur, d'un vert doré, ressemble le mieux à celle d'un scarabée d'or. Je tends l'insecte à ma patiente en lui disant : " Voici votre scarabée. " C'est cet événement qui a véritablement percé la cuirasse de son rationalisme et fait fondre la glace de sa résistance intellectuelle. Le traitement pouvait alors se poursuivre avec des résultats satisfaisants.

Ceci permet donc de comprendre pourquoi Jung avait trouvé en Wolfgang Pauli un physicien de grande notoriété validant la théorie de la synchronicité au profit d'un nouveau paradigme de la physique. Ainsi, dans l'état actuel de nos connaissances avancées, au niveau de l'infiniment petit de la matière, le principe de non-localité impose que les événements soient en corrélation infinie au sein d'un champ unifié dans lequel toute l'information est présente holographiquement en tous points, et donc répercutée de façon instantanée. Nous devons alors admettre que le champ unifié est également un champ d'intelligence et c'est là que notre conscience va devoir choisir sa voie pour aborder le réel. Si elle opte pour la simple relation de sujet à objet, elle n'aura qu'une perception limitée à la matière du réel. Mais elle ressent intuitivement que dans d'autres états il existe un Tout auquel le champ d'intelligence participe en relation avec la matière. On conçoit ainsi que l'univers est essentiellement une grande pensée animée par l'esprit, selon les conclusions auxquelles les physiciens de Berkeley aboutissent. Dans ce Tout psycho-physique, le physicien et le psychologue observeraient le même monde par deux voies différentes, la voie matérielle et la voie psychique. Mais en tant que " chose en soi ", ce monde serait essentiellement transcendant.

Jung écrit que " la synchronicité suppose donc, par définition que la distinction radicale entre 'intérieur' et 'extérieur' est erronée. Les phénomènes intérieurs – sentiments, valeurs, pensées, rêves, intuitions, aspirations… peuvent être (et, de manière décisive, sont souvent) étroitement liés à des événements ‘extérieurs' : coup de téléphone, cadeaux, interactions, liaisons amoureuses, etc. Les événements synchronistiques nous imposent une vision du monde comme champ unifié ou l'expérience et l'action individuelles sont fondamentalement reliées à celles d'autrui ". Donc selon Jung, c'est la synchronicité qui apporte au Tout l'élément d'affectivité dans lequel l'âme de l'homme s'exprime et que la physique ignore. Or c'est par cette affectivité que je puis me sentir en unité, en sympathie avec les autres, par mes efforts et mes motivations à l'accueil, de façon, précisément, à faire en sorte que le paradis ce soit les autres, dans la féerique beauté de notre cosmos.

Par ailleurs, le sujet de l'apparition de l'amour dans l'histoire du cosmos déborde les sciences humaines, car cet amour semble s'étendre, sous des formes certes particulières, à tout le règne animal : il suffit d'observer le comportement des animaux domestiques vis-à-vis de l'homme, d'une part, et entre eux d'autre part, vis-à-vis de leur progéniture, du groupe, du troupeau, de la meute. Pour que la vie survive, il a manifestement fallu que surgisse une intense motivation, une sorte d'obligation ardente, tant physique que psychique au fur et à mesure de l'évolution. Dans ce cas, l'amour serait nécessaire, mais non suffisant, car sa beauté s'est avérée de plus en plus éclatante dans la recherche de la progression de l'humanité vers le sublime, comme en témoigne l'histoire de nos religions, de notre art et de notre science. L'amour s'est enrichi, au cours des millénaires, de toutes les nuances de l'amitié, de la camaraderie, de la charité, de la solidarité, dont aucune ne revêt le caractère d'obligation associée à la simple survie de l'espèce, et qui s'avèrent surtout remarquables par leur caractère de gratuité.

A la pointe avancée de la recherche en sciences humaines, nous observons, dans l'étude des cas de patients revenus d'une expérience de mort imminente, qu'ils évoquent pratiquement tous avoir ressenti dans ces rares instants un immense amour, infini, qui submerge la personne au point qu'elle souhaite le partager avec l'humanité toute entière, et qui va conditionner leur comportement affectif pour le temps qu'il leur reste à vivre.

A la pointe avancée de la recherche également, en matière de morale, on étudie actuellement d'ou provient notre sens du bien et du mal. La controverse à propos des fondamentaux de la morale, qui s'est prolongée sur deux siècles, a commencé au dix-huitième siècle, opposant Hume, plutôt favorable au sentiment et Kant, plutôt favorable à la raison. Dans cette simple dualité, des expériences de choix " cornéliens " imaginaires de vie ou de mort en faveur de telle ou telle personne plutôt que de telle autre ont troublé jusqu'à tout récemment les philosophes et les psychologues. A ce jour, les recherches sur les bases psychologiques de la moralité, bénéficiant en laboratoire de l'imagerie cérébrale, concluent à une interactivité entre raison et émotion, et révèlent les circonstances dans lesquelles l'une ou l'autre prévaut. Ces découvertes sont d'une importance majeure dans la compréhension de notre manière de réfléchir aux problèmes auxquels nous sommes confrontés, tant sur le plan personnel que politique, comme, par exemple, en matière de cellules souches, d'avortement, de peine capitale ou de guerre.

Les biologistes de l'évolution découvrent actuellement des éléments de moralité dans le monde animal, en particulier chez des primates qui témoignent de l'équité, d'un comportement selon certains codes sociaux adaptatifs permettant d'éviter les conflits. Et le psychosociologue Jonathan Haidt, de l'université de Virginie fait une synthèse des éléments heuristiques qui nous permettent de prendre des décisions efficaces en fonction d'informations limitées, en mettant particulièrement l'accent sur l'importance des émotions, de ce qu'il appelle des " intuitions morales ".

Bloom, psychologue du développement qui étudie la naissance biologique du sens moral chez l'homme a soumis des enfants d'un an à des tests, qui ont révélé que l'enfant considère comme amies les personnes qui les aident, ce qui constitue le premier élément de construction de leur sens de la morale. Nous sommes ainsi, par la science moderne, avec tous les moyens technologiques dont elle dispose, en mesure de répondre aux éternelles questions des philosophes en la matière, ce qui devrait nous permettre également, d'aborder de manière mieux informée, les problèmes moraux de notre époque.

A contrario, la vie qui a pris naissance dans notre cosmos, connaît également l'impitoyable loi de la jungle, de la lutte pour la vie, selon laquelle chaque être vivant est à la fois la proie et le prédateur de " l'autre ". L'homme peut en tirer des conclusions nihilistes quant au sens profond de l'existence. La littérature et la philosophie de Sartre l'expriment à satiété en déclarant que " l'enfer c'est les autres ", d'une part, et que le simple fait de mourir, rend la vie absurde, d'autre part. Dans l'état actuel d'effondrement de toutes les valeurs morales de notre société nous ne pouvons véritablement blâmer que nous-mêmes de cette atmosphère de fin de civilisation, que nous avons créée, et non le fait que le cosmos soit porteur du phénomène de la vie, limité dans le temps.

Lorsque l'on a connu l'immense notoriété de ce philosophe, on ne peut que combattre l'effet d'un tel message sur la conscience collective, sur celle de la jeunesse, en particulier, qui n'a plus alors aucune raison de fonder une famille et qui n'a que la drogue et le suicide comme issue. Sartre ne s'est pas posé la question de savoir comment notre cosmos, notre univers physique, avait pu engendrer l'amour . Il n'a pas vu que l'amour constitue, dans notre univers mental, dans notre univers moral, le symétrique de la beauté de notre univers physique. Nous mesurons ici la responsabilité de l'artiste envers la société. J'objecte donc fortement que notre cosmos soit absurde, par son immense beauté, et qu'en favorisant la naissance de la vie il a généré l'amour, et qu'il est seulement le fruit d'une création imparfaite qu'il nous appartient de parfaire dans les domaines de nos possibilités, de nos compétences et de nos responsabilités mutuelles : la survie dans la paix et l'harmonie de notre humanité afin que le paradis, ce soit les autres. Ainsi, l'art et la science sont, de nos jours, devenus indissociables.

Chacun de nous participe individuellement à la conscience collective par son vécu, sa volonté de progresser dans la vie par la création d'une famille, par son travail, son vote, son bénévolat, la qualité de sa relation avec les autres, tous éléments qui concourent à la création d'une atmosphère positive et de bonne entente au sein de l'humanité. Tout au long de l'histoire nous avons d'importants repères extrêmement positifs, tels, entre autres, que ceux de la Renaissance et de la création de l'Europe qui devraient nous servir d'exemples de ce que la sagesse des peuples est capable d'accomplir.

Simple citoyen, homme ou femme, issu du grand public, savant, artiste, militaire ou religieux, face à la guerre, nous sommes donc tous égaux devant ce sentiment d'impuissance à la prévenir, dans la mesure ou nous nous sentons confrontés à un ennemi. Le savant capable de conduire à bonne fin une recherche sur une arme de destruction massive vit un intense examen de conscience, d'autant plus aigu que son intelligence le sensibilise aux dimensions particulières de ses responsabilités vis-à-vis de l'humanité. Mais il est également l'homme, le simple citoyen avec tous ses doutes, ses faiblesses, ses interrogations devant ce qu'il pense être son ennemi. Car ce qui frappe, dans l'histoire de l'humanité, c'est cette propension qu'a l'homme à ne voir que la guerre comme solution des tensions entre les peuples tel, par exemple qu'Hitler qui décrit dans Mein Kampf son enthousiasme de jeunesse, en 1914, quand à la suite de l'assassinat de l'Archiduc François Ferdinand à Sarajevo, il estime qu' " enfin la guerre sera inévitable. "

Je m'interroge donc sur ce que le simple citoyen que je suis, écrasé par tout ce lourd passé de guerres éternelles, est capable de faire, à son titre personnel, afin de favoriser l'émergence de la paix. " Tu ne tueras point " m'enseigne la religion. Soit, mais mon père qui a été gazé à Verdun en 1917 était venu la fleur au fusil sur ce champ de bataille, persuadé que cette guerre méritait l'engagement final parce qu'elle devait être la dernière. Malheureusement, le Maréchal Foch critiquait déjà le traité de Versailles, qui coupait l'Allemagne en deux par le couloir de Dantzig, et prédisait de ce fait que l'on aurait une nouvelle guerre dans les vingt années suivantes, ce qui s'est révélé exact à l'année près, justifiant ainsi l'adage populaire selon lequel " il y a toujours eu des guerres et il y en aura toujours ".

Mon père était enthousiasmé par le vœu argumenté d'Aristide Briand, d'un rapprochement politique entre la France et l'Allemagne, tout en convenant que c'était une parfaite utopie selon l'opinion générale de l'époque. Eh bien, c'est précisément ce que nous avons réussi à faire ! Ce qui n'était pas crédible dans les années trente était donc réalisable, et bien au-delà de toute espérance, puisque, autour de la France et de l'Allemagne, nous avons su agréger, dans l'enthousiasme général et l'admiration du monde, une Europe de 25 nations. De ce fait, c'est désormais la guerre en Europe qui est devenue une utopie, après 23 guerres en 4 siècles. Le fait Européen invalide donc l'adage selon lequel " il y a toujours eu des guerres et il y en aura toujours ", il prouve que cela est réalisable, et doit ainsi servir d'exemple.

J'ai été élevé sous les bombes de la seconde guerre mondiale. Jeune étudiant, j'ai ressenti au plus profond de ma personne cet écrasement, qui pouvait être aussi bien moral que physique. La rage au ventre, j'aurais voulu être pilote de chasse pour au moins défendre ma famille contre les attaques des bombardiers, tout en sachant que la vie dans ce métier pouvait se chiffrer en quelques heures de vol en missions. Malheureusement, j'étais trop jeune, et je n'étais que le simple citoyen au milieu de la nation, entraîné dans un combat qui ne pouvait être le mien, après notre débâcle de 1940.

Pilote de chasse, je le suis devenu en souvenir de tout cela, toujours avec la rage au ventre, car il y avait débat entre " Tu ne tueras point " et le devoir de simple défense de ma nation, de ma famille. C'est un métier militaire, avec un Ordre et un Sens. Tout cela se replaçait dans une atmosphère de menace de guerre nucléaire mondiale, à la limite extrême de l‘engagement, lorsque, pour l'anniversaire de la 4ème Force Aérienne Tactique Alliée, nous avons défilé avec 800 avions de chasse, face au rideau de fer, en faisant demi-tour au dernier moment. Qu'étais-je donc, minuscule élément de cette immense force de guerre au sein de laquelle j'avais choisi d'obéir ? En tant que combattant, je devais attaquer pour défendre, je n'avais pas à me poser de questions.

Défendre. J'ai sérieusement réfléchi à la manière dont j'aurais pu défendre ma famille contre l'holocauste nucléaire, et j'envisageais même de construire un abri anti-nucléaire sous notre maison. Un jour au déjeuner, autour de la table, j'en envisageais la possibilité auprès de ma femme et de nos enfants : les enfants m'ont répondu que si c'était en vue de survivre à la destruction nucléaire, ce n'était pas la peine de construire l'abri, ce qui mit fin à mon interrogation. A ce jour, j'observe que le parc nucléaire mondial comporte 27 000 armes.

Aujourd'hui, je suis artiste peintre. Sa sensibilité particulière fait de l'artiste le plus faible parmi les faibles. Face à la guerre, il est tout à la fois totalement dépourvu de défenses et en opposition totale, car il a pour mission de créer de la beauté, de faire, de construire du concret, d'enchanter les âmes, il faut que cela vive, alors que la guerre est porteuse de l'horreur, de la destruction et de la mort. Le cas le plus extrême de l'artiste-martyr est peut-être celui de Dimitri Chostakovitch qui dut survivre physiquement et moralement à la guerre entre le nazisme et le stalinisme, d'une part, aux menaces personnelles de Staline, et aux intrigues de ses confrères, d'autre part. Sa symphonie No7 intitulée " Leningrad " décrit le siège de la ville en 1941. Sa symphonie No8 est intitulée " Méditations sur les horreurs de la guerre ". Son quatuor à cordes No 8 est inspiré de la destruction de Dresde en 1945 et dédié à la mémoire des victimes du fascisme et de la guerre.

Dans ses mémoires, il déclare : " La plupart de mes symphonies sont des monuments funéraires. "

Chostakovitch, qui avait chanté la résistance du peuple russe dans sa Septième SymphonieLeningrad ", dit de sa Huitième Symphonie : " J'ai voulu recréer le climat intérieur de l'être humain assourdi par le gigantesque marteau de la guerre. J'ai cherché à relater ses angoisses, ses souffrances, son courage et sa joie. Tous ces états psychiques ont acquis une netteté particulière, éclairés par le brasier de la guerre. " Mais, œuvre douloureuse, la Huitième Symphonie est d'une noirceur qui prête à toutes les interprétations. Comme l'écrira avec candeur le poète Ilya Ehrenbourg après avoir assisté à sa création : " La musique possède l'immense avantage de pouvoir tout dire sans rien mentionner. " C'est bien là, précisément, que se trouve la difficulté : en quoi toute cette œuvre magnifique de Chostakovitch a-t-elle eu une efficacité quelconque contre la guerre, dans la conscience collective ?

A l'écoute, il est inutile d'être initié à la musique pour ressentir la terreur, l'angoisse, la souffrance profonde que Chostakovitch projette sur nous par ces symphonies, qui sont d'une qualité artistique telle qu'elles ont une valeur intemporelle : sans passer par les mots, elles convainquent directement et puissamment leur auditoire de l'inanité de la guerre, à l'échelle de la planète par la transmission radiophonique et donc par diffusion dans la conscience collective. Elles constituent donc une sorte de simulation sans danger et pérenne des instincts guerriers, suscitant ainsi, en réponse des états d'âmes pacifiques de rejet.

L'orchestre de musique classique arabo-israélien formé par Barenboïm et Saïd, qui a donné un concert à Ramallah, en Palestine, en août 2005, est la démonstration même de ce qu'il est possible de faire, contre toute attente et avec la plus grande efficacité. Son chef Daniel Barenboïm déclare : " Je n'ai pas de solution politique à offrir pour mettre fin au conflit israélo-palestinien, mais il s'agit pour chacun des membres de l'orchestre de transmettre par la musique sa perception de la souffrance de l'autre ". " Notre groupe n'est pas seulement un espoir, mais un modèle ", a jugé pour sa part le violoniste israélo-palestinien, Nabil Abboud Ashkar.

Comme un tiers de l'orchestre, Pablo Martos fait partie des musiciens espagnols recrutés par le programme Andalousian Youth Orchestra (OJA) dans les conservatoires andalous. Il estime que le rôle des Espagnols dans le projet de réconciliation israélo-arabe par la musique est fondamental. Il déclare : "Notre histoire nous a placés à la croisée de toutes ces cultures. Il me semble que nous jouons dans l'orchestre un rôle de médiation dans les discussions parfois tendues qui peuvent surgir en dehors des moments strictement musicaux."

Dans le monde scientifique, Einstein, pacifiste notoire ulcéré par les horreurs de la première guerre mondiale, écrit au président américain Roosevelt pour lui suggérer de faire construire la bombe atomique, face à l'avènement du pouvoir nazi en Allemagne. C'est le point de départ historique d'une course aux armements à l'échelle planétaire, qui prend naissance dans l'esprit d'un homme à la fois simple citoyen et savant. Roosevelt engage les Etats-Unis dans la guerre en octobre 1941 et lance le programme nucléaire militaire. Voici donc deux hommes, Einstein et Roosevelt, aussi réticents l'un que l'autre vis à vis de cet armement, qui ne voient pas d'autre issue, face aux intentions avérées d'Hitler, que de prendre une telle décision.

A l'issue de la guerre et après s'être rendu à Hiroshima pour évaluer les dégâts causés par la bombe atomique, des scientifiques vont fonder la Federation of American Scientists aux côtés d'Albert Einstein, afin de s'engager dans la lutte contre la prolifération nucléaire et la course aux armements.

En 1942, Oppenheimer, aussi pacifiste qu'Einstein, dirige l'ensemble du projet Manhattan, ce qui lui vaut la notoriété mondiale de " père de la bombe atomique ". En 1945, deux mois après l'utilisation de deux de ces bombes sur Hiroshima et Nagazaki, il démissionne pour s'efforcer d'assurer la paix mondiale en proposant un comité international sur la réglementation de l'énergie atomique.

Oppenheimer répondit un jour à un journaliste qui l'interrogeait sur les conséquences possibles du progrès technologique : " pourquoi vous préoccuper tellement de l'avenir d'un monde condamné ? " ce qui constitue un témoignage particulièrement éloquent de l'état d'esprit de ce savant vis-à-vis de l'humanité en guerre.

Sakharov, physicien humaniste et dissident au " panthéon de l'histoire de la science ", reçoit le Prix Staline en 1969 pour la mise au point de la bombe à hydrogène, et le Prix Nobel de la Paix en 1975, pour avoir ardemment défendu les droits de l'homme en Union Soviétique, ce qui lui avait valu, à l'époque, d'endurer la torture. Il constituait en effet pour les scientifiques occidentaux qui boycotteront leurs homologues soviétiques, et par sa propre immolation, un symbole fort de résistance à un régime inhumain qui opposait le travail scientifique aux droits de l'homme. On évoque beaucoup, depuis lors, l'idée que " la bombe atomique a détruit la guerre ". Il est certain que la prolifération de l'armement nucléaire entre pays antagonistes semble à ce jour avoir installé une relation d'invincible dissuasion, du fait de la possibilité de destruction totale des parties en présence.

Donc, l'humanité, à tous les niveaux de l'échelle sociale, vit depuis toujours dans l'ambiguïté de l'aspiration à une paix éternelle – aspiration qui a été exprimée par Kant dès le 18ème siècle - et la fatalité de la guerre. Kant fait en effet l'hypothèse que le droit, qu'il appelle cosmopolitique permettrait un jour que les hommes se perçoivent enfin comme membres d'un état universel c'est-à-dire comme citoyens du monde, justifiant ainsi la disparition des armées. C'est donc la première évocation du concept de mondialisation, il y a deux siècles de cela, par le droit international, mais qui a été largement considéré comme un v?u pieux de philosophe, voir comme une utopie.

J'observe qu'à notre époque la mondialisation est en train de s'imposer à nous de fait, avec, semble-t-il, la force irrésistible propre aux échanges scientifiques, artistiques, technologiques, éducatifs, médicaux, dans le cadre des programmes de sauvegarde contre les épidémies et les catastrophes naturelles, et surtout commerciaux. L'Europe a commencé à se construire dès la libération de 1945, dans l'esprit de Jean Monnet, commissaire au Plan, qui entend jeter les bases d'une union européenne fondée sur des réalisations concrètes et non sur des abstractions. Le 9 mai 1950, Robert Schuman, ministre français des Affaires étrangères, lance l'idée d'une Communauté Européenne du Charbon et de l'Acier, la CECA, alors que les ressentiments sont encore très vifs, et amorce le rapprochement franco-allemand. La CECA commence son activité en 1951, avec l'Allemagne, la France, l'Italie, la Belgique, le Luxembourg et les Pays-Bas. Le 10 août 1952, Jean Monnet prend naturellement la présidence de la Haute Autorité de la nouvelle institution, à Luxembourg.

Il est très frappant de constater avec quelle rapidité, dès le lendemain de la cessation des hostilités de la deuxième guerre mondiale, responsables de dizaines de millions de morts, on a observé progressivement une conversion radicale des esprits dans la perception mutuelle des pays concernés, ressentant comme une obligation ardente la nécessité d'entreprendre un projet de travail en commun.

Nous pouvons donc conclure que le travail en commun est l'un des facteurs les plus puissants de l'union, donc de la paix entre les hommes. Nous sommes actuellement à un point de convergence de tendances particulièrement fortes, riches et favorables à la mondialisation, avec, de surcroît, la preuve par le fait de la création de l'Union Européenne entre peuples qui ont vécu en état de guerre permanente tout au long des siècles. De surcroît, nous n'avons plus le choix, du fait que le terrorisme planétaire, disposant d'armes de destruction massive, a invalidé le principe selon lequel l'arme nucléaire a tué la guerre, principe qui ne peut s'appliquer qu'entre nations par l'équilibre de la terreur. Nous sommes donc tous concernés, personnellement, directement, et à tous les niveaux. Il nous appartient d'abord de reconnaître publiquement nos erreurs, de s'en repentir, comme l'a fait le Pape Jean-Paul II pour l'église catholique universelle, par exemple, et de créer un climat de bonne entente entre nous par l'élimination de tout ce qui peut contribuer à une psychose nihiliste vis-à-vis de la vie.

Du point de vue de la science, tout chercheur va devoir s'interroger très en profondeur et sans accomodements confortables sur les conséquences morales de ses travaux. Einstein, Oppenheimer et Sakharov n'ont pas manqué de le faire, sans réussir à éviter l'emploi de l'armement nucléaire en situation de guerre, face à un ennemi. Dans une humanité mondialisée, en l'absence d'ennemi, ils n'auraient pas eu à le faire.

Du point de vue de l'art, si le mot d'ordre nihiliste " fais n'importe quoi " perdure, nous n'avons plus aucune raison de faire quoi que ce soit. Nous ne pouvons pas continuer ainsi, sauf à nous renier en tant qu'artistes en faisant l'apologie de notre paresse, dans un milieu dans lequel l'art est proclamé aussi mort que nul.

J'observe que ce " milieu du non-art " a réussi à provoquer la destruction de notre art contemporain, alors que les scientifiques ont réussi, eux, face à une situation paradoxale et inconfortable pour la raison à faire progresser la science : " si vous croyez à la physique quantique, vous ne pouvez pas la prendre au sérieux " disait Feynman. Puisque les scientifiques ont l'avantage de la vérification expérimentale de leurs théories, les artistes doivent reconnaître que les réactions de rejet du grand public constituent pour eux précisément l'équivalent de la vérification expérimentale des scientifiques. Ils doivent donc se repentir publiquement de l'imposture, se remettre au travail, très en profondeur, s'ils veulent retrouver une inspiration digne de ce nom.

Heureusement, notre public, dernier détenteur de la sincérité de jugement, entend garder son sens commun, et refuse de se joindre à ce mouvement de décadence de la société en en rejetant le symbole : le non-art. Il faut croire que la situation prend des proportions véritablement inquiétantes pour que le Ministère Français de la Culture ait commandé une importante étude sociologique intitulée " Les rejets de l'art contemporain. "

Comment donc allons ? nous retrouver notre chemin ? Nous allons devoir nous ré-attacher à nos valeurs morales, idéologiques et esthétiques. En procédant comme le pilote perdu qui recherche l'étoile. Pour nous, ce sera notre spiritualité. Puis nous devrons repartir du dernier point sur lequel nous nous savions sur la route : pour nous, la nature qui nous donne en permanence une leçon d'éternelle beauté, qu'il faudra sauvegarder. Il faudra beaucoup travailler pour être inspiré, pour avoir l'honneur de pratiquer un Art qui existe en dehors du temps .

Ainsi, le scientifique et l'artiste, le religieux comme l'homme d'état, l'industriel comme le financier vont devoir faire converger leurs efforts afin de mettre fin à cette ère de négativisme et de désespérance dans laquelle nous vivons, et coopérer à l'émergence d'une nouvelle Renaissance sur notre planète, par l'éradication, entre autres, de la pauvreté puisque, par un effort de volonté à la mesure de la gravité de la situation, nous disposons des moyens pour le faire. Je rappelle qu'en 1974, les groupes dominants des pays riches avaient promis d' " éliminer la pauvreté " en l'an 2000, le seuil de la pauvreté absolue étant fixé à 2 dollars de revenu par jour et par personne. Malheureusement, les groupes dominants des pays riches et les élites au pouvoir des pays pauvres n'ont pas tenu les engagements pris. Plus grave encore, ils ont conduit des politiques commerciales, financières , écologiques et technologiques qui ont renforcé les causes de l'appauvrissement continu des populations déjà dans le dénuement.

Il est de notoriété publique que cet appauvrissement suscite pour certains le terrorisme, qui est une nouvelle forme de guerre dans notre humanité post-moderne, et une forme d'autant plus paradoxale qu'il entend justifier son action par sa pratique religieuse, alors que l'élément commun aux grandes religions est l'amour, la compassion et la tolérance. C'est dans cet esprit que le Pape Jean-Paul II décidait d'organiser les Réunions interreligieuses d'Assise. Il déclara : " L'angoisse de la paix entre les hommes et entre les peuples nous poussait à être ensemble pour prier mais non à prier ensemble ".

En 1993, les chefs religieux, réunis pour la première fois à Milan pour la rencontre " Hommes et Religions ", lançaient cet appel au monde : " Qu'aucune haine, qu'aucun conflit, qu'aucune guerre, ne trouve un encouragement dans la religion. La guerre ne peut être motivée par la religion! Que les paroles des religions soient toujours des paroles de paix! Que la voie de la foi ouvre au dialogue et à la compréhension! Que les religions inspirent les coeurs à apporter la paix sur terre ! ". On ne saurait être plus clair et il ne reste plus qu'à faire comprendre aux candidats terroristes que s'ils ne voient pas d'autre issue aux problèmes que leur haine leur crée, c'est qu'ils ont cause perdue, comme les kamikaze japonais à la fin de la seconde guerre mondiale. Il ne leur reste plus alors qu'à se conformer aux injonctions de l'appel au monde fait par leurs chefs religieux à Milan en 1993. Dans ce sens, le Cardinal Etchegaray a déclaré : Au cours des années passées, de nombreuses personnes ont entendu cet appel et se sont mises au service de la paix et du dialogue dans les pays les plus divers du monde. Souvent, l'esprit de dialogue et de compréhension a guidé des parcours de réconciliation.

Le cardinal Angelo Sodano envoyé spécial du pape Benoît XVI et représentant le Saint-Siège à la conférence au sommet de l'ONU, le 16 septembre 2005, a déclaré : " Ma voix veut être aussi l'écho de celle des catholiques du monde entier qui voient dans les Nations Unies une institution toujours plus nécessaire pour la paix et pour le progrès de toute l'humanité ". Il a évoqué à la fois la nécessité de trouver des moyens de " désarmer l'agresseur " et la " responsabilité de protéger " en disant : " Notre engagement actuel pour susciter une culture apte à prévenir les conflits est important, mais il conviendra aussi de bien approfondir le problème de l'usage de la force pour désarmer l'agresseur . La " Responsabilité de protéger " est née d'un concept politique et juridique très important, qui s'est progressivement enrichi au long des soixante ans d'existence de l'ONU. Il renvoie ainsi, en ce qui forme son noyau essentiel, à la prééminence de la dignité de tout homme ou de toute femme en tant que personne sur l'État et sur tout système idéologique ". Le Saint-Siège est donc favorable à la Commission pour la construction de la paix (Peacebuilding Commission), qui pourrait tracer les lignes d'une ambitieuse stratégie et la mettre en pratique, afin de surmonter les facteurs de rivalités ethniques qui sont à l'origine des conflits et qui peuvent toujours les rallumer.

Précisément, l'Organisation des Nations Unies pour l'éducation, la science et la culture (UNESCO) est née le 16 novembre 1945. Pour cette agence spécialisée, le plus important n'est pas de construire des salles de classe dans des pays dévastés ou de restaurer des sites du Patrimoine mondial. L'objectif que s'est fixé l'Organisation est vaste et ambitieux : construire la paix dans l'esprit des hommes à travers l'éducation, la science, la culture et la communication.

Personnellement, en tant qu'artiste peintre, je m'efforce depuis des années, sans y parvenir, à donner la totalité de mon œuvre, sans rien demander en échange, œuvre qui a été un travail de recherche de la beauté en harmonie entre art, science et spiritualité, au cours de 33 années. Ceci tendrait à démontrer que la société n'est pas encore prête à accepter un don. Mais je suis optimiste, c'est une bouteille à la mer, que je lance, cette mer étant ce cosmos dans lequel j'ai connu l'amour, auquel en définitive je contribue, par une immense gratitude, par la co-création de beauté à laquelle je me suis senti invité.

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